Les photos d’hommes musclés et de belles femmes maigres sont partout. Constamment soumises au regard anxieux des adolescents, elles aggravent un problème qui les afflige depuis longtemps, à savoir une mauvaise estime de soi.
« Le problème a en effet empiré », déclare en entrevue Marie-Ève Blackburn, d’ÉCOBES au Cégep de Jonquière (Centre d’étude des conditions de vie et des besoins de la population). « Les images du corps idéal, qu’il soit féminin ou masculin, sont de plus en plus présentes et constamment mises en valeur dans les médias. »
Madame Blackburn dirige un projet sur l’image corporelle et l’estime de soi des adolescents financé par le Fonds d’innovation sociale destiné aux communautés et aux collèges du Conseil de recherches en sciences humaines.
Selon elle, le souci de l’image corporelle a augmenté à tel point que plus de 70 % des élèves québécois disent agir au sujet de leur poids, que ce soit pour le stabiliser (34 %), en perdre (25 %) ou essayer d’en prendre un peu (16 %). Les filles sont plus insatisfaites de leur poids que les garçons, mais l’insatisfaction à l’égard de son corps est élevée pour tout le monde.
L’insatisfaction des adolescents a de lourdes conséquences : elle a été liée à l’anxiété, à la dépression, à l’intimidation et aux troubles alimentaires. Elle affecte également la perception de leur santé en général.
Le souci de l’image corporelle augmente, mais il n’est pas nouveau et de nombreux programmes ont été créés pour y faire face. Ce projet portera sur l’un d’eux : Bien dans sa tête, bien dans sa peau (BTBP). Mis sur pied par une organisation appelée ÉquiLibre (partenaire de ce projet), il vise à promouvoir une image corporelle saine chez les adolescents. Il est offert au Québec depuis 20 ans.
BTBP est un programme prêt à être utilisé et conçu pour être implanté par le personnel de l’école ou d’un organisme jeunesse. Il comprend une trousse de l’enseignant et 50 ateliers au choix, y compris sur le développement d’une image corporelle saine, l’attitude positive, l’estime de soi et le respect des autres. Plus de 550 écoles et organismes jeunesse l’utilisent.
« Grâce à ces ateliers, qui peuvent être programmés tout au long de l’année, les jeunes sont invités à prendre conscience de leur propre image de soi et de celle qu’ils ont des autres, qui contribuent à la pensée, aux croyances et aux préjugés empêchant souvent la personne d’être “bien dans sa tête et bien dans sa peau” », explique Madame Blackburn.
La mise en œuvre de BTBP a été évaluée, mais ses effets ne l’ont jamais été. En conséquence, la première étape du projet du Cégep de Jonquière est de mesurer les effets du programme un mois, trois mois, six mois et 12 mois après qu’il ait pris fin. Les chercheurs interrogeront les jeunes participants sur l’estime de soi, l’influence des médias, l’intimidation, la détresse, leur connaissance et le choix d’un mode de vie sain. ÉquiLibre utilisera cette information pour renforcer ou pour modifier le programme afin d’en augmenter l’efficacité.
La deuxième partie du projet consiste à former une équipe de recherche internationale et multidisciplinaire qui se penchera sur la question de l’image corporelle chez les adolescents. Elle réunit des intervenants et des universitaires pour produire et partager d’importantes.