Pour les immigrants, l’arrivée dans un nouveau pays comporte son lot de bouleversements et d’épreuves. Malheureusement, beaucoup d’entre eux doivent en plus affronter d’autres difficultés en vieillissant, comme la solitude et l’isolement.
Les études démontrent de plus en plus que la solitude et l’isolement social nuisent à la qualité de vie des personnes âgées. Or, étant donné la croissance de la population des plus de 65 ans (qui devrait passer de 5 millions à 10,4 millions entre 2011 et 2036) et le nombre croissant d’immigrants âgés qui arrivent au Canada ou qui y vieillissent, un sérieux problème se profile à l’horizon. Certains disent d’ailleurs des immigrants âgés qu’ils forment le segment de la population d’origine étrangère le plus impuissant et le plus délaissé.
Dans le but d’étudier la solitude chez les immigrants âgés, des chercheurs du Centre for Elder Research du Sheridan College collaborent avec des organismes œuvrant auprès du grand public et d’autres visant certaines communautés ethniques. Cette recherche est rendue possible grâce à une subvention du Fonds d’innovation sociale destiné aux communautés et aux collèges, qui relève du Conseil de recherches en sciences humaines. Son objectif est double : d’une part, développer des outils pour repérer les immigrants âgés souffrant de solitude, d’autre part, trouver le moyen d’accroître le soutien dont ils bénéficient.
« On peut souffrir de solitude même en vivant avec d’autres personnes », précise Patricia Spadafora, directrice du Centre for Elder Research. C’est elle qui dirige le projet subventionné, lequel compte quatre partenaires communautaires.
Mme Spadafora explique que la solitude et l’isolement sont deux choses différentes, bien qu’elles coïncident souvent. En plus des difficultés pouvant contribuer à la solitude et à l’isolement de bien des aînés, comme le manque d’accès au transport, la précarité financière ou les problèmes de santé, certains immigrants âgés se retrouvent encore plus isolés par leur faible maîtrise de l’anglais.
Les attentes culturelles incitent beaucoup d’immigrants âgés à vivre avec leurs enfants, notamment dans la perspective de s’occuper de leurs petits-enfants. Puis, lorsque ceux-ci commencent à fréquenter l’école, les grands-parents se retrouvent seuls. Dans d’autres cas, des parents qui s’attendaient à vivre avec leur fils ou leur fille n’obtiennent pas le soutien familial sur lequel ils avaient toujours compté.
Un certain nombre d’initiatives ont été mises sur pied pour aider les immigrants âgés. Ainsi, les partenaires du Sheridan College dans ce projet (Community Development Halton, le Dixie Bloor Neighbourhood Centre, l’India Rainbow Community Services of Peel et le Yee Hong Centre for Geriatric Care) offrent tous des services aux immigrants âgés.
Pour commencer, huit étudiants du Sheridan College créeront une base de données des services destinés aux immigrants âgés des régions d’Halton et de Peel, sur laquelle porte l’étude, et des stratégies pour entrer en contact avec eux. « Avant de proposer des solutions, nous devons connaître les services déjà offerts », soutient Mme Spadafora. « Nous voulons éviter des créer des chevauchements inutiles. »
Par la suite, les chercheurs interrogeront des aînés afin d’être mieux renseignés sur leurs besoins et leurs centres d’intérêt, et aussi afin de les aider à tisser des liens et à profiter de divers services. En raison de l’importante présence de ces groupes ethniques dans les régions d’Halton et de Peel, ces entrevues cibleront les immigrants de la Chine, de l’Asie du Sud, des Philippines et de la Pologne.
Lorsque les données auront été recueillies et analysées, les chercheurs et leurs partenaires élaboreront des modèles d’intervention et des ressources adaptés aux différentes cultures, dont des outils technologiques qui permettront aux organismes de mieux servir leur clientèle.