Comment calculer la valeur du changement non quantifiable ou déterminer les clés d’un succès intangible? Planifier et évaluer l’innovation sociale représente tout un casse-tête. Toutefois, face aux besoins concurrents et aux maigres ressources, l’exercice s’impose.
« Plus on comprend ce qui a fait réussir ou échouer un projet, plus on peut extrapoler ensuite et promouvoir des pratiques exemplaires qui favoriseront la réussite d’autres initiatives », dit Russ Wilde, du Bow Valley College à Calgary.
Il dirige un projet dont l’objectif est d’élaborer des critères probants qui permettent d’évaluer l’innovation sociale et de reconnaître les facteurs qui en facilitent ou en minent le succès. Plus précisément, on veut créer des outils dont les parties prenantes se serviront pour choisir et planifier les projets d’innovation sociale, et pour en évaluer l’efficacité. Le financement vient du Fonds d’innovation sociale destiné aux communautés et aux collèges du Conseil de recherche en sciences humaines.
Pour le projet, Russ Wilde et ses collègues du Bow Valley College travaillent avec la ville de High River, United Way of Calgary and Area et Mount Royal University. L’initiative multi-phases et pluriannuelle commencera par un sondage auprès d’organismes impliqués en innovation sociale pour savoir comment ils décrivent les caractéristiques de cette dernière et quels en sont les obstacles et les catalyseurs.
Le questionnaire fait l’objet de la plus grande distribution possible — avec United Way comme partenaire, le projet peut sonder une vaste gamme d’innovations sociales — et continuera d’être transmis jusqu’à l’épuisement de nouveaux concepts dans les réponses. Toutefois, l’apport concret de ces concepts est critique dans le cadre du projet, car la panoplie d’activités qualifiées d’innovations sociales est immense. Il est difficile d’en établir une définition et, surtout, d’étudier le concept à grande échelle.
« Une des conclusions de notre étude nous indiquera si on peut bel et bien établir un ensemble de critères généraux qui s’appliquent à un large éventail de projets d’innovation sociale », affirme le chercheur principal, Scott Henwood.
À la lumière du questionnaire, de discussions avec les parties prenantes et d’une revue de la littérature, les chercheurs tenteront de cerner ce qui constitue une innovation sociale, quels facteurs doivent être réunis pour en assurer le succès, et ce qui en freine la réalisation.
Comme prochaine étape, les chercheurs créeront et testeront des outils servant à planifier et à évaluer les innovations sociales, incluant un essai avec la ville de High River, partenaire du projet. Après l’inondation dévastatrice dans cette communauté de 13 000 personnes au sud de Calgary en 2013, de nombreux nouveaux projets y ont vu le jour. Les chercheurs et le comité de direction pourront donc y choisir le meilleur cas d’innovation sociale pour mettre à l’épreuve leurs critères et leur capacité d’évaluation.
Le succès se mesure difficilement en innovation sociale, car les changements qui touchent profondément la vie des gens peuvent défier la « quantification ». L’équipe de Bow Valley estime que le résultat de son projet (une trousse à outils en ligne pour la planification et l’évaluation de l’innovation sociale) permettra d’appuyer les intervenants dans ces tâches complexes.