Deux chercheures du Collège Montmorency à Laval ont une nouvelle façon d’aider les étudiants atteints du trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité (TDAH) : leur montrer à aller au plus profond de leurs pensées pour moduler leurs ondes cérébrales et maintenir leur attention.
Andrea Szabo et Hélène Brisebois étaient psychologues praticiennes avant de se joindre au corps professoral du Collège Montmorency, et les deux se sont étonnées du nombre d’étudiants atteints du TDAH en situation de difficulté scolaire. Appuyées par une subvention du Fonds d’innovation sociale destiné aux communautés et aux collèges du Consaeil de recherche en sciences humaines, elles montent maintenant un laboratoire de neurofeedback sur le campus.
Les services aux étudiants atteints de TDAH existent depuis longtemps, affirme Andrea Szabo. Par exemple, on leur donne plus de temps aux examens ou on leur enseigne des stratégies d’apprentissage adaptées au TDAH. Dans l’ensemble, toutefois, les collèges, malgré leurs travaux et milieux plus exigeants, ont moins de services du genre que les écoles secondaires.
« On ne peut pas enseigner continuellement des stratégies. Les jeunes les connaissent », souligne la professeure Szabo. Elle ajoute qu’en tant que neuropsychologues, elle et sa collègue s’intéressaient aux techniques axées sur le cerveau, dont le neurofeedback, pour aider les gens à gérer la dépression et l’anxiété. Elles se sont donc demandé si cela pourrait aider les étudiants atteints de TDAH.
En neurofeedback, les participants apprennent à contrôler leurs ondes cérébrales. Le TDAH produit des cycles d’ondes particuliers que seul un électroencéphalogramme peut détecter. Au moyen de capteurs posés sur le crâne, l’appareil peut repérer les ondes cérébrales et les traduire en données sur un écran d’ordinateur.
Les étudiants reçoivent une formation assortie de renforcement positif lorsqu’ils réussissent à convertir les cycles d’ondes plus lents du TDAH en ondes dynamiques, indices d’attention et de concentration. À force de répétition, ils peuvent le faire sans l’appareil.
Les professeures Szabo et Brisebois ont constitué en laboratoire de neurofeedback divers locaux offerts par le Collège. Thought Technology leur a prêté les appareils spécialisés et, grâce à un partenariat avec le laboratoire de micro-encéphalographie de l’Institut de neurologie de Montréal, on voit en neuroimagerie perfectionnée l’effet de la formation sur la structure du cerveau.
Le potentiel du projet dépasse l’expansion des connaissances en neurophysiologie du TDAH et la gestion des symptômes par le neurofeedback : à plus long terme, la technique pourrait se voir dans d’autres milieux scolaires et favoriser la réussite scolaire de plus d’étudiants, qui, bien souvent, ne pourraient pas se payer le traitement.
Le projet générera de nombreuses données pour l’étude du TDAH, mais les professeures Szabo et Brisebois visent avant tout à soutenir les étudiants qui en sont atteints. « Notre objectif, c’est d’introduire ce service dans d’autres cégeps et ensuite, au niveau de l’école secondaire », dit Mme Szabo. « De cette façon, une fois arrivés au cégep, les jeunes auront déjà davantage confiance en leurs capacités. »