L’exploitation industrielle des algues marines représente un énorme marché en croissance qui alimente de grosses industries essentiellement concentrées dans les pays asiatiques et en Europe.
Le Canada possède des atouts pour développer un pôle industriel dans ce domaine (eaux côtières peu polluées, importantes ressources naturelles en algues). Les zones côtières du Québec ne font pas exception. Les macroalgues qui s’y développent constituent une ressource naturelle avec un fort potentiel commercial puisqu’elles entrent dans la fabrication d’une large gamme de produits (y compris les engrais, les aliments, les produits cosmétiques et les produits pharmaceutiques).
Les algues d’eau froide, à croissance rapide, se prêtent bien aussi à des activités de culture sur les fermes marines et pourraient constituer une voie de diversification intéressante pour les conchyliculteurs. Pour le moment, il existe une industrie émergente de cueillette et de transformation des algues, qui est principalement constituée de PME, mais la recherche appliquée dans ce domaine n’est pas assez développée. Il existe en outre peu de documentation et de soutien technique pour les entrepreneurs.
La création d’une Chaire de recherche industrielle en valorisation des macroalgues marines à l’École des pêches et de l’aquaculture du Québec (ÉPAQ), qui fait partie du Cégep de la Gaspésie et des Îles, regroupera les connaissances, les ressources et l’expertise disponible afin de répondre aux besoins actuels. Le budget obtenu pour le programme de chaires industrielles a permis au cégep et à Éric Tamigneaux, professeur-chercheur, titulaire de cette chaire, de constituer une petite équipe de travail en collaboration avec le Centre d’innovation de l’aquaculture et des pêches du Québec (Merinov) et gestionnaire du Centre collégial de transfert de technologie en pêches (CCTT) au Cégep de la Gaspésie et des Îles. Ces fonds sont actuellement utilisés pour l’organisation d’ateliers et de symposiums, pour des compléments de bourses aux étudiants, pour le fonctionnement de l’écloserie et de la ferme de démonstration d’algoculture de l’ÉPAQ, et pour compléter le financement de projets et servir de levier à la recherche de financement des projets.
Les principaux objectifs de la recherche du professeur Tamigneaux sont de stimuler et de coordonner des projets de recherche appliquée sur les macroalgues, d’offrir un soutien scientifique et technique aux industriels, et de proposer de la formation aux entreprises et aux étudiants. La recherche appliquée s’effectue à l’intérieur de trois volets : les pêches et ressources naturelles, la mariculture et la valorisation de la biomasse algale.
Les projets de recherche seront adaptés aux besoins de l’industrie pour permettre aux entrepreneurs et aux utilisateurs des résultats de recherche de relever les défis reliés à l’utilisation et la gestion durable de la ressource et de stimuler l’économie locale et régionale.
L’un des projets actuels se déroule à Forestville sur la Côte-Nord, chez Algoa, petite entreprise de neuf personnes qui récoltent et transforment 20 tonnes d’algues par an. Le gros des volumes d’Algoa entre dans la composition d’un engrais, « mais ce n’est pas là que je trouve la plus grande valeur ajoutée », précise le président Dany Sénéchal. De petites quantités sont vendues à l’industrie cosmétique, et Algoa développe la filière alimentaire pour des thés et tisanes. M. Sénéchal compte sur la recherche de l’équipe du professeur Tamigneaux pour cerner les propriétés des algues : « Les résultats des recherches françaises ne s’appliquent pas au Québec, avoue-t-il. Les travaux de la Chaire me permettront d’obtenir de l’information vérifiée et vérifiable pour dire que j’ai une algue unique. »
Éric Tamigneaux est professeur-chercheur à ÉPAQ, un des campus du Cégep. Océanographe de formation, Éric Tamigneaux œuvre au Cégep depuis 12 ans, à la fois comme enseignant dans le programme collégial en Techniques d’aquaculture et comme chargé de projet senior au CCTT des pêches.
Au cours des six dernières années, M. Tamigneaux a développé une expertise unique au Québec sur la culture des macroalgues et a œuvré avec succès à stimuler l’intérêt des entreprises et des institutions pour la valorisation des algues. Initiateur du Centre d’étude et de valorisation des algues marines, il a su créer un réseau de collaborateurs issus des universités et du réseau des CCTT.