Leurs numéros de téléphone sont connus du public, ils ont toujours leur Blackberry à la main : la Neighbourhood Police Team de Toronto attend votre appel ou votre message texte. Le travail de ces policiers consiste à écouter les préoccupations des gens qui vivent dans certains des secteurs les plus difficiles de la ville, à apaiser leurs craintes et à les aider à agir en vue d’améliorer les choses. Mais ce programme produit-il les résultats escomptés?
Grâce à une subvention du Conseil des recherches en sciences humaines, des chercheurs du Humber College tentent de répondre à cette question et, par la même occasion, de faire avancer Toronto vers une nouvelle ère où les interventions policières seront fondées sur la science.
« La police de Toronto est sous pression; on lui demande d’accroître son efficience et de réaliser des économies, mais elle veut éviter les coupures aux mauvais endroits », explique Jeanine Webber, vice-doyenne de la School of Social and Community Services du Humber College de Toronto. « Ils comprennent qu’il y a des coûts à ce programme qui pourront s’avérer un investissement rentable à long terme et ils doivent en être conscients. »
Bénéficiant du soutien financier du Fonds d’innovation sociale destiné aux communautés et aux collèges du CRSH, le projet dirigé par Mme Webber vise à évaluer l’impact du programme de police de quartier du Neighbourhood Policing Program de la police de Toronto. D’une durée de deux ans, le projet évaluera en profondeur l’efficacité des policiers de quartier en ce qui a trait à la réduction du crime, à l’amélioration des relations entre la police de Toronto et la population, et à l’accroissement du sentiment de sécurité des résidents dans leur quartier.
Lancé en 2013, le programme des policiers de quartier se voulait une solution aux mauvaises relations entre la police et la population. Ces policiers sont directement accessibles, leur numéro de téléphone cellulaire est facile à trouver. Ils consacrent leur temps à apprendre à connaître les résidents et à les écouter. De plus, lorsque c’est possible, ils s’attaquent aux problèmes avant qu’ils ne deviennent des crimes et recueillent des renseignements sur les activités criminelles.
Il existe des liens très forts entre la police de Toronto et le Humber College, qui offre un diplôme d’introduction au travail policier, un baccalauréat en justice pénale et un programme de leadership policier, ce dernier étant conçu pour des policiers qui ne détiennent pas de diplôme collégial ou universitaire. Ce partenariat de longue date entre la police de Toronto et Humber explique pourquoi le Service de police s’est tourné vers Mme Webber et son équipe pour évaluer le programme des policiers de quartier. Cependant, dans sa première mouture, l’étude n’était qu’un projet pilote de portée limitée. En effet, elle n’avait été effectuée qu’en anglais et excluait les jeunes, une population qui a une relation particulièrement difficile avec la police.
La subvention du Fonds d’innovation sociale du CRSH a permis d’étendre le projet pilote pour évaluer les 44 mois du programme et les 17 équipes de quartier (plutôt que les huit du projet pilote), ajoutant des groupes de discussion et des sondages dans diverses langues et incluant des jeunes de 14 à 18 ans. Cette étude devrait produire une image plus complète de l’effet du programme. « Nous voyons des tendances qui indiquent que la police de quartier atteint ses objectifs », confie Mme Webber, « mais je veux pouvoir recueillir des données d’un échantillon plus vaste avant de me prononcer. »
Le projet représente une belle occasion pour plusieurs étudiants de Humber intéressés par certains aspects du travail policier d’en apprendre davantage sur le sujet tout en acquérant des compétences en recherche, qu’ils utiliseront pour recueillir et analyser les données. Le coordonnateur du projet est d’ailleurs un diplômé de Humber qui vient de terminer sa maîtrise en justice pénale.