Unir la technologie et la prouesse des enseignants au profit de l’apprentissage actif
Selon Elizabeth Charles, il faut remonter au rétroprojecteur pour trouver une « nouvelle » technologie qui a vraiment influencé l’enseignement. La grande popularité de l’outil a pris son envol dans les années 1950 alors que les enseignants y découvraient l’avantage de pouvoir modifier leurs leçons en classe, selon le cours des discussions. Il s’agissait, pour reprendre les mots de madame Charles, d’une technologie dérangeante qui imposait une nouvelle façon d’enseigner et d’apprendre.
« Depuis 30 ou 40 ans, la technologie n’a pu percer en salle de classe ou « être dérangeante » de manière à provoquer des changements dans le monde de l’éducation », affirme madame Charles, codirectrice de SALTISE (Supporting Active Learning & Technological Innovation in Studies in Education) au Dawson College à Montréal. En entrevue téléphonique, elle explique qu’on essaie de nouvelles technologies depuis longtemps, mais sans que l’une d’elles ne vienne transformer l’enseignement.
Elizabeth Charles est cochercheure pour l’un des 27 projets financés par le Fonds d’innovation sociale destiné aux communautés et aux collèges du Conseil de recherche en sciences humaines du Canada (CRSH). Les spécialistes de l’innovation sociale proposent de nouvelles idées ou en adaptent d’autres pour résoudre des problèmes sociaux. Ainsi, l’étude de madame Charles vient appuyer les enseignants adeptes de l’apprentissage actif en les encourageant à y incorporer plus efficacement les nouvelles technologies.
L’objectif cadre bien avec la mission que le CRSH se donne de chercher « les nouvelles méthodes d’apprentissage […] dont les Canadiens auront besoin pour réussir dans la société et sur le marché du travail de demain » et comment les technologies émergentes peuvent profiter à la population canadienne.
Chaque discipline ayant souvent sa propre culture et son propre vocabulaire, certains élèves ont du mal à y trouver leur place; les recherches montrent que l’apprentissage actif les aide énormément à surmonter ce défi.
En effet, si les étudiants font des travaux pratiques liés aux réalités quotidiennes, par exemple la collecte de données sur les problèmes environnementaux ou sur le manque d’accès aux services sociaux, ils commencent à s’intégrer à la culture du milieu et en apprennent le langage.
L’apprentissage actif mise sur l’engagement étudiant. Grâce au travail d’équipe — expérimentation, résolution de problèmes, recherche d’information, réflexion sur le travail accompli —, les étudiants apprennent plus en profondeur que dans les cours magistraux. Toutefois, cela se révèle très exigeant pour le personnel enseignant, qui doit élaborer des leçons et des activités connexes, aider les équipes à maintenir le cap et servir d’ultime ressource en classe.
Il existe de l’équipement et des logiciels d’appui, mais de nombreux enseignants n’ont pas le temps de les maîtriser, encore moins de les adapter aux besoins particuliers de leurs étudiants. Le projet d’Elizabeth Charles vise donc à outiller les enseignants pour qu’ils puissent « orchestrer » l’apprentissage actif; cet objectif réalisé, ils sont davantage portés à abandonner la tradition pour enseigner différemment.
Le Fonds d’innovation sociale encourage les chercheurs des collèges à travailler en partenariat, dans la communauté et à l’extérieur de leur discipline et leur établissement. Madame Charles collabore justement avec plusieurs collègues d’autres collèges et universités, ainsi qu’avec des enseignants et trois entreprises productrices de logiciels éducatifs.