Un coup d’œil dans le sac à dos de son enfant réserve toujours des surprises, qu’il s’agisse des restes d’un vieux sandwich ou d’une convocation à une rencontre de parents… qui avait lieu deux semaines plus tôt. Les écoles ne peuvent pas grand-chose pour les sandwichs, mais elles ont de plus en plus recours aux moyens électroniques pour communiquer avec les parents.
Le problème c’est que les parents n’ont pas tous le même accès à la technologie, ni le même niveau de maîtrise de cette dernière. C’est selon cette prémisse que Josée Thivierge, conseillère pédagogique au Centre d’étude des conditions de vie et des besoins de la population (ÉCOBES) du Cégep de Jonquière, mène une étude sur l’accès qu’ont les parents d’élèves du secondaire aux outils numériques et l’utilisation qu’ils en font. Ce projet bénéficie du soutien du Fonds d’innovation destiné aux communautés et aux collèges du Conseil de recherche en sciences humaines.
« Les écoles communiquent de plus en plus par Internet », explique Mme Thivierge en entrevue. « Or, les parents défavorisés n’ont pas nécessairement d’ordinateur. S’ils en ont un, ils ne sont pas forcément à l’aise de s’en servir. Nous cherchons donc la meilleure façon de communiquer avec les parents qui ne sont pas devant un ordinateur toute la journée. »
Si l’école devait communiquer essentiellement par voie électronique, les parents qui ne parlent pas français et ceux qui sont peu scolarisés pourraient se sentir mis à l’écart. De plus, ils pourraient hésiter à écrire à l’école pour poser des questions. C’est important, parce que les recherches montrent une corrélation importante entre l’implication des parents dans l’éducation de leur enfant et la réussite étudiante, qui se traduit par une motivation accrue et de meilleurs résultats scolaires.
En plus des messages portant sur des élèves en particulier, les écoles utilisent souvent la voie électronique pour expliquer des enjeux importants aux parents, par exemple les conséquences de l’abandon du cours de mathématiques pour un élève. Cette décision influencera leur scolarité et les suivra potentiellement toute leur vie, mais les parents qui ne maîtrisent pas la navigation sur Internet à travers une série de liens et de sites web ne seront peut-être pas en mesure de se faire une idée de la question et d’aider leur enfant à prendre une décision éclairée. Les parents qui possèdent un ordinateur sans être très adeptes de l’informatique et ceux qui sont confrontés à la barrière linguistique peuvent se sentir dépassés par la montagne d’information sur Google et apprécieraient de recevoir un peu d’aide ou de voir concentrés les renseignements pertinents sur un seul site web.
La première année du projet sera consacrée à l’étude de l’accès qu’ont les parents aux outils numériques et de l’utilisation qu’ils en font. La deuxième année sera centrée sur la création d’une stratégie de communication et de ses outils de mise en œuvre, afin de familiariser les parents avec les outils électroniques pour leur permettre de soutenir leurs enfants dans leur cheminement scolaire.
Certains parents étaient réjouis de pouvoir regarder en ligne des vidéos d’une classe en action, car ils les considéraient plus révélateurs que les réponses marmonnées par leur adolescent. Apprécieraient-ils une page Facebook? Qu’en est-il d’un site web qui leur permettrait de vérifier l’horaire de leur enfant (voire sa présence à l’école)? Il serait possible de créer des vidéos sur les collèges, et peut-être qu’ultimement, ces vidéos de présentation pourraient être utilisées par tous les collèges du Québec. Mme Thivierge n’a pas toutes les réponses, mais la subvention du CRSH lui a donné la possibilité d’explorer. « Je dispose d’une grosse équipe dans mon collège pour ce travail. J’apprécie la liberté que ça me procure, parce qu’il y a de la place pour l’innovation. »