Par Denise Amyot, présidente-directrice générale de Collèges et instituts Canada
Il y a cinquante ans, les collèges et instituts de tout le Canada ont décidé de s’unir et de se donner un moyen de s’exprimer d’une seule voix. Ils avaient réalisé que tout en étant chacun ancrés dans les collectivités qu’ils desservaient, ils avaient beaucoup à gagner en travaillant ensemble et en veillant à ce que le système collégial dans son ensemble se fasse entendre.
Il s’agissait pour la plupart de très jeunes établissements n’ayant que quelques années d’existence. Nombre d’entre eux avaient été créés dans les années 60 ou avaient vu leur mandat renouvelé dans un souci de rendre l’éducation accessible à toutes et à tous, et de répondre aux besoins d’un marché du travail en rapide évolution.
C’était une époque de bouleversements sociaux et économiques, une époque de grandes interrogations et d’énormes possibilités durant laquelle on préconisa des solutions novatrices pour créer une société plus équitable et générer des progrès réels. Les collèges et les instituts du Canada furent des acteurs de premier plan dans ce mouvement.
Leur mandat était tout à fait révolutionnaire : il s’agissait en effet de dispenser un enseignement technique et professionnel à une échelle encore jamais vue tout en portant l’attention sur le besoin d’offrir des services aux collectivités locales. C’était un véritable effort de démocratisation de l’éducation qui allait avoir des conséquences de grande ampleur et contribuer à la création de ce que l’on appelle aujourd’hui la classe moyenne. Le but ultime était de soutenir l’essor économique de l’après-guerre, lequel nécessitait une main-d’œuvre qualifiée pour alimenter les nouvelles industries.
Ces nouveaux établissements connurent un grand succès et eurent une grande portée. Entre les années 60 et le début des années 70, le système collégial s’étendit de manière spectaculaire dans tout le pays. On créa d’ambitieux réseaux provinciaux, mais, en 1970, il devint évident qu’il leur fallait aussi un porte-parole national pour mieux les représenter et les aider à se développer.
C’est ce qui conduisit à la création de l’Association des collèges communautaires du Canada, constituée officiellement en 1972, et qui serait plus tard connue sous le nom de Collèges et Instituts Canada.
Cinquante ans plus tard, beaucoup de choses ont changé. Cela inclut très certainement nos membres, qui fournissent des formations à la fine pointe, appuient l’innovation par le biais de la recherche appliquée et offrent une grande variété de titres, incluant des baccalauréats, des programmes post-diplômes et une foule de micro-certifications. Il reste que le Canada doit à nouveau réagir face à des possibilités comparables dans un contexte de grands changements.
Les nouvelles technologies et façons de faire continuent de transformer le monde du travail à un rythme incroyable. De fait, on pourrait dire que le marché du travail n’a pas connu de changements aussi radicaux depuis l’après-guerre. Les emplois de demain, ceux d’après la pandémie, seront radicalement différents des emplois d’il y a à peine quelques années.
En même temps, les mouvements mondiaux, au sens propre comme au sens figuré, nous obligent à repenser la façon dont nous interagissons avec autrui et dont nous composons avec les préjugés et la discrimination enracinés dans notre société. L’équité, la diversité et l’inclusion ne sont pas de nouveaux concepts, mais il est temps que nous nous engagions pleinement à les appliquer. La réconciliation avec les collectivités autochtones est une autre priorité majeure pour les particuliers et les institutions, et il reste beaucoup à faire à ce chapitre. Notre système d’enseignement postsecondaire doit encore une fois démontrer qu’il peut se développer et évoluer pour répondre aux besoins changeants des apprenants, des employeurs et des collectivités.
Peu importe où les besoins se feront sentir, CICan poursuivra son travail de soutien et de représentation des collèges et des instituts du pays. La croissance phénoménale qu’elle a connue au cours des cinquante dernières années a clairement démontré les répercussions positives qu’elle peut avoir, et elle peut encore en avoir beaucoup plus.
Aujourd’hui, alors que nous entamons une année de célébration pour marquer cinquante ans d’existence dont nous sommes fiers, nous voulons aussi regarder vers l’avenir et c’est là que vous entrez en jeu.
Nous invitons tous nos membres, partenaires, étudiants, diplômés et amis à se joindre à nous pour réfléchir au chemin parcouru et à la direction à prendre. Nous souhaitons entendre ce que vous avez à nous dire à ce sujet et nous engageons à diffuser tout au long de cette année anniversaire les textes, articles et lettres ouvertes que vous aurez préparés afin d’exposer vos différents points de vue notamment sur l’avenir du travail, de l’éducation, de la recherche, de l’innovation, de la réconciliation, de l’inclusion et de la collaboration.
Au plaisir de découvrir ce que vous avez à nous dire !