Lettre ouverte à la ministre à l’honorable Bill Morneau, ministre des Finances
Monsieur le Ministre
En tant que voix collective des collèges, des cégeps et des instituts de technologie de tout le pays, nous vous écrivons pour vous exhorter à envisager de faire un nouvel investissement en recherche appliquée. Une contribution annuelle relativement modeste de 40 millions de dollars aurait un effet multiplicateur sur le soutien à l’innovation offert par ce secteur aux petites et moyennes entreprises du Canada.
Cet investissement aurait d’immenses retombées qui dépasseraient largement la croissance des intérêts commerciaux canadiens. La recherche appliquée forme également la prochaine génération d’innovateurs talentueux et génère des solutions pragmatiques aux plus grands enjeux du Canada, notamment dans ses ambitions mondiales par rapport aux changements climatiques.
Comme le gouvernement fédéral vise à atteindre la cible de zéro émission nette d’ici 2050, nous croyons que le secteur collégial a une solution toute prête puisqu’il répond à des enjeux comme la familiarisation avec les nouvelles technologies et l’adoption de ces technologies, la planification d’entreprise avant-gardiste, le prototypage et les tests de nouveaux produits et procédés. La recherche appliquée au collégial est pragmatique, et ses résultats sont applicables sur-le-champ.
Au cours de la dernière décennie, la capacité en recherche appliquée des collèges, instituts et cégeps a augmenté de façon spectaculaire, en grande partie grâce au financement fédéral accru des projets de partenariat en innovation avec les entreprises. Le Programme d’innovation dans les collèges et la communauté est passé d’un projet pilote de 15 millions de dollars en 2009 à un programme investissant 85 millions de dollars par année en 2019. Cette croissance indique que le gouvernement fédéral reconnaît le rôle distinct que jouent ces établissements dans l’écosystème d’innovation du Canada.
Aujourd’hui, dans l’ensemble du secteur, on parle de 7 300 collaborations avec l’industrie, 4 400 produits ou prototypes et 29 000 étudiants chaque année. Les employeurs ont de plus un accès direct au bassin de talents étudiants, et les apprenants peuvent ainsi développer leur réseau professionnel. Les diplômés ayant de l’expérience en recherche appliquée intègrent le marché du travail avec de solides compétences en résolution de problèmes et de l’expérience pertinente. Pourtant, en ce qui concerne les retombées, ce secteur peut offrir davantage.
La réalité, c’est que l’innovation industrielle ne se produit pas au rythme des concours de subventions. En effet, la recherche appliquée étant totalement liée aux cycles des concours, trop de partenaires potentiels essuient des retards ou des refus. Aujourd’hui, l’innovation est en grande partie un sous-produit de l’activité de recherche académique plutôt qu’un effort proactif et explicite axé d’abord sur les besoins des entreprises partenaires, des organismes sans but lucratif et du secteur public. Notre proposition au gouvernement fédéral consiste à transformer la capacité de recherche appliquée des collèges en un réseau proactif de fournisseurs de services capables de soutenir leurs partenaires commerciaux en tout temps.
Nous sommes convaincus qu’avec un financement prévisible et dédié, le secteur collégial sera mieux placé pour offrir à ses partenaires les locaux, l’expertise en recherche appliquée et les technologies de pointe dont ils ont besoin pour innover. Compte tenu de leur leadership en matière d’initiatives zéro déchet, de bâtiments carboneutres et de technologies des microréseaux, ils sont également en position idéale pour transmettre et déployer ce type d’expertise. Nous pensons qu’un investissement annuel de 40 millions de dollars produira des résultats tangibles, permettra aux établissements de servir plus de clients, améliorera l’expertise en recherche et créera plus d’occasions d’apprentissage expérientiel pour les étudiants.
En dix ans à peine, les collèges, les instituts et les cégeps du Canada sont devenus des éléments importants de l’écosystème d’innovation du Canada, en particulier pour les PME partenaires. Soulignons de plus qu’ils y sont parvenus en n’accédant qu’à environ 3 % des investissements fédéraux en recherche. Dans vos travaux préparatoires au prochain budget, nous vous invitons donc fortement à miser sur la capacité du secteur collégial du Canada de stimuler la croissance de l’innovation, pour la prochaine décennie et au-delà.
Veuillez accepter, Monsieur le Ministre, mes salutations les meilleures.
Lynn Lapostolle
directrice générale
Bernard Tremblay
président-directeur générale
Colin Ewart
President
Sarah Watts-Rynard
CEO
Denise Amyot
President and CEO
Marie Gagné
présidente-directrice générale
Linda Franklin
President and CEO
Ken Doyle
Executive Director