De la fondation des collèges classiques au 19e siècle à l’ouverture d’un collège francophone dans les Territoires du Nord-Ouest en 2011, l’éducation a toujours été au cœur des revendications des communautés francophones et a fait l’objet d’innombrables luttes. Elle constitue la clé de voute qui peut assurer leur vitalité et leur prospérité, mais aussi, la pérennité de la francophonie et de la langue française au pays.
Au fil des ans, le réseau des établissements d’enseignement postsecondaire de la francophonie canadienne s’est développé et renforcé. Cela inclut de nombreux collèges communautaires, cégeps et instituts de technologie qui offrent des programmes de formation dans de nombreux domaines et disciplines. En fait, on compte maintenant des établissements d’enseignement collégial francophones dans neuf provinces et dans les Territoires du Nord-Ouest.
Ces collèges francophones, dont plusieurs sont de plus petite taille et situés dans des régions rurales ou éloignées, sont des piliers dans leurs communautés et contribuent tant au développement de leur capital humain et de leur essor culturel qu’à leur croissance économique. La grande force de ces collèges est vraiment d’être au cœur de leurs communautés.
En effet, le modèle collégial canadien a comme particularité d’élaborer tous ses programmes en concertation avec des experts et des employeurs locaux ainsi que des représentants du secteur communautaire. Les programmes offerts dans ces établissements d’enseignement collégial répondent donc de façon très concrète aux besoins actuels et émergents de leurs communautés.
Par exemple, un partenariat entre le Collège Communautaire du Nouveau-Brunswick (CCNB) et le Collège de l’Île permet de former des infirmières auxiliaires bilingues à l’Île-du-Prince-Édouard, où l’offre de soins de santé en français demeure plutôt limitée. Il en va de même pour le Collège Éducacentre qui forme des préposés de soins de santé bilingues à Vancouver grâce à un partenariat avec le collège La Cité d’Ottawa.
Selon une étude récente du professeur Kai Chan de l’Institut européen d’administration des affaires, le français serait la troisième langue des affaires dans le monde et fera partie des langues les plus parlées au monde à l’horizon 2050 avec 750 millions de locuteurs.
Malgré cette tendance mondiale, l’offre des services en français demeure un enjeu majeur dans de nombreuses communautés au Canada. C’est en augmentant l’offre de programmes collégiaux en français que nous ferons progresser les choses et que l’on pourra ainsi former davantage de professionnels aptes à offrir des services en français dans tous les domaines, et ce quel que soit leur langue maternelle.
Toutefois, les collèges et instituts ne peuvent remplir leur mission qu’en partenariat avec les autres acteurs, incluant le gouvernement fédéral, les gouvernements provinciaux et territoriaux, et les entreprises.
C’est pourquoi nous accueillons favorablement le nouveau financement du gouvernement fédéral inclus dans le récent budget de 2018 dans le cadre du prochain Plan d’action pour les langues officielles 2018-2023. Cependant, tout comme nos collègues de l’Association des collèges et universités de la francophonie canadienne (ACUFC), nous espérons que ces investissements incluront des mesures concrètes pour appuyer et renforcer la formation et la recherche appliquée au sein des établissements d’enseignement collégial.
Aujourd’hui, comme hier, l’essor de la francophonie canadienne passe par une éducation en langue française de qualité et accessible à tous. Pour les collèges et instituts canadiens, c’est un défi qu’ils relèvent avec confiance, forts et fiers de leur expérience au service des communautés francophones d’un bout à l’autre du pays.
Denise Amyot, Présidente-directrice générale, Collèges et instituts Canada