Publié originellement dans la revue Education for Employment.
Par Denise Amyot, présidente-directrice générale, Collèges et instituts Canada
Le Canada reste en tête du G7 pour la part des diplômées et diplômés de l’enseignement supérieur dans la population totale. En 2021, 57,5% des Canadiennes et Canadiens âgés de 25 à 64 ans étaient titulaires d’un diplôme de l’enseignement supérieur. Cela représente une augmentation de 3,5% par rapport à 2016, et le pourcentage le plus élevé des pays du G7.
Tandis que les Canadiennes et les Canadiens achevant des études postsecondaires sont de plus en plus nombreux, nous ne pouvons ignorer la tendance à la baisse du nombre de titulaires d’un certificat d’apprentissage en âge de travailler. Selon les données du dernier recensement, ces chiffres ont soit stagné, soit diminué de 10% entre 2016 et 2021. Le nombre de jeunes travailleuses et travailleurs qui rejoignent les métiers qualifiés ne suffit tout simplement pas à compenser les départs à la retraite des travailleuses et travailleurs plus âgés. Cette tendance est de mauvais augure pour l’avenir du secteur.
Beaucoup appellent cela une crise. Les travailleuses et travailleurs des métiers spécialisés bâtissent et réparent des structures telles que des maisons, des écoles, des hôpitaux et des routes. Si la tendance se confirme, le futur de ces infrastructures essentielles pourrait être compromis. Prenons l’exemple du logement. La construction d’une maison type nécessite l’intervention sur le chantier de plus de 30 corps de métier différents et autres professions. Pour assurer son avenir, le secteur du logement au Canada a besoin non seulement d’hommes et de femmes pour la conception, la peinture, la plomberie, l’électricité, la maçonnerie, le recouvrement, mais aussi de beaucoup d’équipements.
Une carrière dans les métiers spécialisés est gratifiante, bien rémunérée et exige un travail pratique hautement qualifié assorti d’un savoir et d’une formation spécialisés. La voie est donc toute tracée pour atteindre l’ODD-8 (travail décent et croissance économique). Cependant, le secteur reste confronté à la stigmatisation, aux idées préconçues et aux limitations d’accès qui lui sont associées.
Le premier élément de la solution est l’ODD-4 (éducation de qualité). Les collèges et instituts sont des experts de l’apprentissage pratique et proposent plus de 300 programmes de préapprentissage dans plus de 20 métiers spécialisés. En outre, plus de 80 de ces programmes sont conçus pour appuyer les groupes traditionnellement sous-représentés dans les métiers.
Par exemple, au Canadore College (Ontario), le General Carpenter Pre-Apprenticeship Program for Women (programme de préapprentissage de menuiserie générale pour les femmes) offre une formation de haute qualité aux femmes, autochtones ou autres, intéressées par une carrière dans la menuiserie. Les apprenantes bénéficient également de stratégies d’intégration culturelle pendant leur formation et leur stage. Elles continuent à bénéficier d’une aide lorsqu’elles entrent sur le marché du travail ou si elles poursuivent leurs études.
Il est essentiel d’augmenter le nombre de femmes dans les classes de préapprentissage pour inverser les tendances actuelles sur le marché du travail des métiers spécialisés. L’étape suivante, ce sont les apprentissages Lancement de carrière.
Le programme d’apprentissages Lancement de carrière témoigne du travail accompli par Collèges et instituts Canada pour apporter une solution aux problèmes de compétences du Canada. Ce programme offre des incitatifs financiers aux petits et moyens employeurs des secteurs de la construction et de l’industrie manufacturière. Le but en est de les aider à embaucher des apprenties et apprentis de première année, en particulier celles et ceux issus de ces groupes défavorisés qui sont souvent sous-représentés dans les secteurs de la construction et de l’industrie manufacturière. Les groupes en quête d’équité admissibles à ce programme sont les femmes, les populations autochtones, les nouveaux arrivants, les personnes en situation de handicap, les minorités visibles (dont les communautés racialisées) et les personnes 2SLGBTQI+.
Les employeurs ont accès à des talents pour faire prospérer leur entreprise. Ils bénéficient aussi d’incitatifs pour recruter, embaucher et intégrer de nouveaux apprentis, sans oublier le soutien nécessaire pour naviguer dans les systèmes de certification des apprentis au Canada, ceux-ci variant d’une province à l’autre. Sur deux ans, ce sont 5 360 apprenties et apprentis qui bénéficieront de ce programme. Plus de 1 300 d’entre elles et d’entre eux seront issus de groupes défavorisés.
Apprentissages Lancement de carrière rend notre économie à toute épreuve. Le programme apporte un soutien aux petits et moyens employeurs, répond aux besoins du marché du travail et garantit à toutes et à tous un accès à l’emploi et à de la formation.
Si nous voulons au sens propre du terme bâtir un avenir durable, il nous faut davantage d’hommes et de femmes pour la plomberie, la chaudronnerie, l’exploitation d’équipements lourds et la soudure. Ceci permettra de refléter la diversité de nos collectivités.