Dans cet épisode spécial de notre balado, nous nous entretenons avec Denise Amyot, cette dirigeante visionnaire qui a modelé la trajectoire de Collèges et instituts Canada (CICan) au cours des dix dernières années.
Dans cette conversation intime et introspective, Denise nous fait part de ses idées, de ses pensées et de ses souvenirs les plus chers, tout en évoquant les étapes et les réalisations les plus marquantes de son mandat à CICan. Elle brosse également un tableau vivant de ses ambitions et de ses aspirations pour l’avenir de CICan, nous laissant inspirés et enthousiastes à l’idée des pages qui restent à écrire. Mais aussi, sa passion indéfectible pour l’apprentissage et la durabilité se mêle tout naturellement à la conversation. Elle nous y dévoile comment ces éléments sont devenus la clé de voûte de son leadership transformateur pour CICan.
Ne manquez pas cette occasion d’écouter Denise et de rendre hommage à son legs.
À écouter sur :
Bonjour et bienvenue à tous !
Je m’appelle Amélie Cantin et je travaille pour Collèges et instituts Canada, le plus grand réseau de l’éducation postsecondaire au pays. CICan – comme nous l’appelons pour faire plus court – s’occupe de défense d’intérêts, de renforcement des capacités et de promotion du savoir dans le but de renforcer les collèges, les instituts, les cégeps et les écoles polytechniques publics du Canada.
Le balado d’aujourd’hui est bien particulier. Nous avons le grand privilège de nous entretenir avec notre présidente et directrice générale, Denise Amyot, qui, après plus d’une décennie à la barre de CICan, a annoncé plus tôt cette année son départ de l’organisation pour ce qu’elle appelle une « non-retraite ».
Denise est une personne remarquable qui a joué un rôle crucial dans le parcours de CICan. Elle est la septième personne, la première femme et la première francophone à être nommée à la présidence et direction générale, en 2013. Depuis son arrivée, l’organisation a grandement bénéficié de ses vastes connaissances et de son expertise qu’elle a acquises au cours d’une brillante carrière dans les secteurs public et à but non lucratif.
Sous sa direction, CICan s’est considérablement développée. Nous avons triplé de taille et monté un portefolio de projets nationaux et internationaux de près de 500 millions de dollars. Dernièrement, l’organisation a été classée comme l’un des meilleurs employeurs de la région de la capitale nationale, ce qui témoigne de l’engagement inébranlable de Denise à créer un milieu de travail sûr, inclusif et accueillant qui répond aux besoins de son personnel.
Aujourd’hui, nous allons plonger dans ses souvenirs, parler de ses réalisations et des étapes importantes de sa carrière, et lui donner l’occasion de nous livrer ses réflexions sur un plan plus personnel.
Sans plus attendre, je souhaite la bienvenue à Denise Amyot, actuelle présidente et directrice générale de CICan.
Bienvenue Denise!
Tout d’abord, Denise, vous avez mentionné à plusieurs reprises qu’il ne s’agissait pas exactement d’une retraite, mais plutôt d’une non-retraite. Pouvez-vous nous dire ce que vous entendez par là ?
Denise Amyot :
Alors, ce que j’ai voulu dire, Amélie, par non-retraite, pour moi, c’est tout simplement un autre chapitre qui commence. Je vais être active et pour moi, c’est important de m’impliquer dans différents dossiers qui me passionnent.
Entre autres, je vais continuer à siéger sur des conseils d’administration, tant au niveau national qu’international. Je vais aussi poursuivre la formation en leadership axée sur le coaching à des groupes comme j’ai fait auparavant ici au Canada ou encore au Sénégal et en Tunisie. Il y a quelques jours, j’ai d’ailleurs fondé une compagnie à cet effet-là. Je veux continuer à mieux maîtriser mon espagnol pour être capable de parler plus librement et poursuivre naturellement mon apprentissage de l’arabe. Je dois te dire que c’est l’arabe me donne beaucoup de fil à retordre. Ce n’est pas possible comment c’est difficile. Je veux aussi poursuivre ma passion. Tu sais, quand j’étais ici, toute la question des ODD puis des ESG, les facteurs environnementaux, sociaux, puis la gouvernance, ça a toujours été une passion. Alors, je vais poursuivre là-dedans. J’ai pris de la formation et puis là je veux voir comment je peux intégrer ces aspects là au sein des conseils d’administration dont je vais faire partie.
Ça fait 46.5 années que je travaille à temps plein. Alors, ce qui est certain, c’est que je ne cherche pas et je ne prendrai pas un autre emploi à plein temps. Je veux voyager, je veux faire de la voile, pas juste quelques jours ou encore une semaine ou deux à la fois. Ce que je veux, c’est une espèce d’équilibre là, pour pouvoir avoir du bon temps, mais aussi redonner à ma communauté. Je vais donner une analogie de voile et c’est ce que j’ai écrit dans mes messages de départ. En ce moment, j’ai l’impression que c’est le temps de lever l’ancre et d’aller au gré du vent parce qu’il va y avoir des choses qui vont arriver, puis je veux avoir la flexibilité de pouvoir ajuster mes voiles au besoin et vraiment continuer à apprendre.
Quand on travaille au sein de l’association, on apprend tous les jours et j’ai une soif d’apprendre. Alors, ça va être important pour moi de continuer à apprendre puis de passer du temps avec ma famille, avec mes amis. Alors une non retraite, Amélie, c’est tout ça, c’est d’aller vers d’autres apprentissages, faire des nouvelles découvertes et d’être ouvert.
Amélie Cantin :
A ce qui parait une très belle imagerie avec les bateaux de voiles. Mais parlons-en de cette grande transition à venir. Comme vous l’avez mentionné, vous avez connu une belle et longue carrière à des postes exigeants pour ceux qui vous connaissent bien, c’est très clair que ralentir, ce n’est pas naturel chez vous. Qu’est-ce que cette transition suscite en tant que sentiment et des réflexions ?
Denise Amyot :
Dire non à un troisième mandat a été la décision la plus difficile que j’aie jamais eue à prendre parce que j’adore ce que je fais. Je crois dans notre mandat, j’aime mon équipe, et j’aime nos membres. Le secteur des collèges, c’est passionnant, il se passe toujours quelque chose, c’est vaste, ça va de A à Z et ça revient de Z à A. C’est complexe ! Je disais tantôt, j’apprends tous les jours, puis j’ai l’impression que dans notre travail, on fait une différence. Alors, c’est pour ça que c’est difficile. C’est difficile de partir parce que j’ai aussi l’impression que notre secteur n’a jamais été aussi fort et aussi crucial pour l’avenir du pays. Le secteur des collèges est un secteur qui collabore ensemble. On pense durabilité, on pense inclusion, on vit l’inclusion, on vit la durabilité et c’est des secteurs importants pour moi. Alors, c’est pour ça que c’est difficile de partir.
Quand je regarde à l’impact qu’on a, pas juste au Canada, mais aussi à l’international, ça fait que c’est plus difficile. On est dans un temps extraordinaire, puis quand ça va bien, tu ne veux pas partir, mais c’est aussi un bon temps pour partir. Et, pour moi, ce qui est important, c’est de voir tout ce qu’on fait au niveau des compétences des gens, des compétences de nos membres. On fait beaucoup de développement des capacités, puis on a un impact dans les communautés en passant par nos membres. Quand je regarde tout ce qu’on fait, puis moi, je suis une espèce de touche à tout, ça veut dire que c’est un terrain de jeu extraordinaire parce que ça change tout le temps. Tu ne t’ennuies pas alors ce serait bien plus facile de rester. Mais je sais que ce n’est pas sage de rester. Je sais que c’est le temps de passer à autre chose, parce que je crois fermement que chaque personne qui arrive, apporte différents aspects et c’est important de savoir quand partir.
Amélie Cantin :
Une chose est claire Denise, votre passion est palpable. Je sais que ça va être difficile pour vous, mais est-ce que vous pouvez nous partager un moment ou une réalisation pendant votre mandat ici à CICan, qui vous a été particulièrement chère ? Et pourquoi ce moment était si marquant pour vous? Je sais que c’est difficile de choisir un moment, mais…
Denise Amyot :
C’est très difficile. Je ne peux pas dire juste un parce qu’il y en a eu tellement. Le premier, je ne peux pas ne pas parler de celui-là, c’est de voir les gens dans mon équipe qui se sont transformés. Ils ont grandi, ils ont occupé des nouveaux postes qu’eux-mêmes ne croyaient pas pouvoir faire au début. Ça c’est une grande satisfaction et ça fait du bien de voir de la relève.
Il y a eu aussi au cours des années, je me rappelle, quand on a commencé à parler du Protocole d’éducation autochtone. Quand on a fini par avoir un produit après deux ans, c’était une grande réussite. Pourtant le protocole, il y a sept lignes, mais ça a pris deux ans. Je me disais, bien, quand est ce qu’on va le sortir ? Et puis, les gens me disaient toujours, mais Denise, ce n’est pas prêt, il y a encore de la consultation. Finalement, avec du recul, je m’aperçois que c’est important, ce temps-là, parce qu’il fallait donner le temps de s’assurer que nos membres pouvaient vivre avec chacun des mots qu’il y avait dans ce protocole là et que ça allait être un document qui allait nous aider pour l’avenir, qui allait nous aider à faire grandir l’éducation autochtone. Puis là, le fait qu’on a 74 de nos membres qui l’ont signé volontairement, oui, j’aimerais que ça soit tous les membres, mais parfois les gens doivent prendre le temps. C’est drôle parce que, ceux qui le signent en dernier auraient pu le signer il y a quatre ans, mais c’est qu’ils voulaient être beaucoup avancés. Alors, ils sont tellement rendus loin quand ils le signent, c’est incroyable ! Mais on sait que quand on le signe, ce n’est jamais fini. C’est un peu comme les arbres qui ne perdent pas leurs feuilles parce qu’ils se renouvellent quand même.
Comment est-ce que je pourrais parler des dix dernières années sans parler de la période Covid ? Moi, je suis contente d’avoir travaillé pendant cette période-là. Il y en a qui me disent, je veux oublier la période Covid parce que ça a été difficile. Oui, ça été difficile, ça serait faux de dire que ce n’était pas difficile. Travailler des 16 h par jour, ce n’était pas rare. Mais, comme association, on avait le choix d’être des victimes, essayez de garder une espèce de statu quo, ou bien encore de saisir les opportunités, d’être à l’écoute de nos membres et de voir ce qu’était leurs besoins, puis d’ensuite de revendiquer ça avec les ministères fédéraux et d’inventer des nouveaux projets. En bout de piste, on a travaillé avec 22 ministères fédéraux. Il y a beaucoup de gens qui ne savent pas ça. Ce que je me suis aperçu avec la Covid, non seulement on a développé plein de projets pour nos membres, mais on est devenu un incontournable. On est, nous autres, le plus grand réseau post-secondaire au pays et on est impliqué dans plein de dossiers, plein de programmes. Et ce qui est arrivé, c’est que la Covid a accéléré notre croissance à nous parce qu’on a choisi de le faire. Il y a beaucoup d’organisations qui sont devenues plus petites ou même qui sont disparues. Nous, ce n’est pas ça qui est arrivé et je suis très fier de ce qu’on a fait comme équipe parce que l’équipe ne lâchait pas, l’équipe était derrière. Et puis, on a toutes les raisons du monde d’être fiers tout le monde de ce qu’on a fait pendant la covid parce qu’on en récolte les fruits maintenant.
Il y a finalement eu le moment fatidique quand le rapport du Canada sur ses résultats au niveau des objectifs de développement durable est sorti. Ce n’était pas un moment heureux. Quand j’ai lu ce rapport-là, je me suis dit, Wow, le Canada ! Un pays qui fait partie du G7, du G20, l’OCDE, mais on a des résultats comme ça ? Qu’est ce qui se passe ? Je me suis dit, nous autres, on est partout au Canada. Donc, nous autres, on peut faire quelque chose. Si on voulait que les résultats soient différents, il fallait que nous, Collèges et instituts Canada, on s’implique parce que nous, on a 700 campus ou endroits satellites partout à travers le Canada. Ça veut dire qu’il n’y a pas grand monde qui peut faire ce que nous on peut faire qui touche les communautés qu’on touche. Et maintenant, on a 54 membres qui ont embarqué dans cette aventure de travailler sur l’accord des objectifs de développement durable. Ça me fait chaud au cœur. Ça ne veut pas dire qu’on va tout atteindre les résultats, mais nous, on va avoir contribué à améliorer les résultats du Canada au niveau des objectifs de développement durable.
Je vais juste finir par quelque chose à l’interne parce que c’était un de mes objectifs en arrivant ici. C’est la question d’avoir une pension pour mes employés. Il y en a pour qui c’est, voyons, c’est quoi ça, là ? Mais pour moi, moi j’ai un père qui m’a dit quand j’avais 15 ans, 16 ans, 18 ans, 20 ans, à chaque année, j’entendais l’importance d’avoir un emploi où il y avait une pension et l’importance de prendre des régimes d’épargne retraite. Pour moi, ça fait longtemps que je prends des régimes d’épargne retraite. Mais, quand je suis arrivé ici, j’ai réalisé que mes employés n’avaient pas de plan de pension et ça me dérangeait. J’en avais déjà un, j’en avais un du fédéral, mais je ne pouvais pas concevoir que mes employés n’en aient pas. Alors, ça a pris du temps, ça a pris presque 7ans-8 ans, et on essayait avec différentes organisations, différentes compagnies, puis on se faisait toujours dire non, vous êtes trop petits, non, ce n’est pas suffisant. Finalement, on a fini par trouver une firme qui a nous accepté parce qu’on pouvait entrer avec leurs critères. Il a fallu que les employés soient d’accord. Je pense qu’on avait un employé qui avait dit non, mais c’était la majorité, naturellement, qui a voté oui. Donc, je suis fier de dire ça fait 4 ans déjà où les employés peuvent dire qu’ils contribuent à un plan de pension.
Ça fait que je m’excuse, Amélie, j’ai parlé longtemps. Il y en a plein d’autres choses que je pourrais nommer, mais je vais m’arrêter ici à cause du temps.
Amélie Cantin :
Je veux juste souligner aussi, sous votre tutelle, que CICan a gagné deux prix de meilleur employeur, je pense que ça vaut la peine de souligner toutes ces réalisations-là. C’est tellement de belles réalisations. J’aimerais aussi vous dire qu’en tant qu’employé à CICan, merci de l’héritage que vous nous laissez ici. Ça fait une grosse différence dans nos vies. En repensant à toutes vos belles années ici à CICan, c’est quel a été, selon vous, le changement ou la transformation la plus importante au sein de l’organisation ou au sein du secteur dans son ensemble ?
Denise Amyot :
Je ne peux pas dire juste une encore parce qu’il y a eu tellement de choses dans les dix dernières années. Si tu me permets, je vais t’en donner 3 qui, selon moi, sont cruciales pour notre futur comme secteur.
Le premier est un retour pour moi avec le rôle que j’ai joué avec le Conseil des compétences du futur, avec le ministère de Développement de Ressources humaines et du Développement social. C’était toute la question de la formation tout au long de la vie. Je trouve qu’il y a eu un énorme mouvement. Les gens qui étudient dans nos institutions, leur moyenne d’âge c’est 27 ans. Ce n’était pas ça il y a dix ans et pour moi, c’est positif, ça. Parce que, avant, on parlait, on étudiait à l’élémentaire au secondaire, ensuite on s’en allait au post-secondaire, puis ensuite les gens allaient travailler. Mais là, pour moi, quand je sais que l’âge moyenne est 27 ans, ça veut dire qu’on revient parce qu’on n’est pas content de ce qu’on fait. On revient parce qu’on veut acquérir des compétences qui sont plus avancées. On revient parce qu’on veut changer de parcours. Et pour moi, c’est tellement positif, ce changement-là, parce que ça veut dire que les gens continuent toujours à apprendre. Les gens veulent se mettre à jour. Les gens savent que c’est une façon de se protéger, à garder son emploi et à accéder à d’autres postes, à accéder à d’autres responsabilités ou aller dans un autre secteur. Mais il y a encore des choses dans ça, dans cette formation tout au long de la vie, qui ne sont pas là encore et qui, selon moi, vont devoir arriver.
Et en ce moment, un étudiant qui arrive, la plupart du temps, ils doivent faire, à moins qu’ils aient fait un processus de reconnaissance des acquis et doivent suivre toutes les étapes de leur programme. Moi là, je rêve du collège qui va dire Moi, tout étudiant qui arrive chez nous va être évalué selon ses compétences et en fonction du domaine où il veut étudier. Et puis là, il n’aurait qu’à compléter ce qui lui manque. Donc il ne passerait pas son temps à être obligé de suivre des cours sur des choses qui sait déjà. Parce que pour moi ce n’est pas une bonne utilisation du temps des gens ça. Je rêve aussi du collège où tu vas pouvoir commencer n’importe quoi, pas juste au début d’un des trois semestres. Déjà, les gens me disent, Denise, c’est fantastique que les collèges tu puisses commencer et à trois endroits différents dans l’année et parfois même à quatre. Mais moi je rêve vraiment du jour où moi je peux commencer en octobre, où je peux commencer en novembre. Je n’ai pas à attendre en janvier. Puis l’autre chose toujours liée à la formation tout au long de la vie, c’est : pourquoi nos collèges n’offrent pas à leurs gradués, en guise de cadeau de graduation, un cours gratuit que leurs gradués peuvent prendre dans les cinq premières années de leur graduation. Ça, ce serait une façon de continuer à les attacher à nos institutions. Et ça peut devenir des personnes ressource pour les étudiants. Ça peut devenir des ambassadeurs pour nous parce qu’on garde le lien avec eux, -mêmes ceux qui ont des fondations, ça peut les aider. Alors je pense qu’il reste des choses à faire de ce côté-là.
L’autre chose dans les dix ans il y a toute la question de la technologie parce que la technologie a transformé tous les secteurs où nous, on forme des étudiants. Donc il a fallu adapter nos programmes. Mais il y a aussi la façon qu’on fonctionne dans les collèges avec la technologie. Je pense à l’intelligence artificielle qui a commencé à entrer dans nos vies, dans nos institutions et ça va bouleverser, c’est certain. Et moi, je vois ça de façon positive parce que je pense que ça va ouvrir des possibilités, ça va ouvrir des possibilités pour mieux appuyer les groupes les plus vulnérables. Ça va nous aider à appuyer la rétention, donc d’identifier les gens à risque tôt, au lieu que ça soit à la fin du semestre puis il est trop tard pour aller les appuyer. Naturellement, pour ça, ça va dépendre de comment on va bien gérer l’intelligence artificielle. Puis je vais juste donner un exemple de comment la technologie influence en ce moment. Je pense juste à nos outils. On a presque 200 outils qu’on a développés en réalité virtuelle dans différents domaines de la santé. Puis je me dis ça veut dire qu’un étudiant est capable de pratiquer plusieurs fois avant de le faire pour le vrai, avec une vraie personne. Et pour moi, ça, ça fait partie d’une transformation extraordinaire, parce que ça veut dire qu’on va pouvoir mieux développer les compétences et tout le monde va pouvoir en profiter.
Je regarde juste avec la Covid comment la formation en ligne a eu une percée fulgurante pour le monde de l’éducation. Puis ça ne fait que commencer. Alors tout ça pour dire que la technologie, pour moi, c’est vraiment un aspect qui a transformé les dix dernières années, mais qui va continuer à les transformer.
Puis l’autre que je dirais, je ne peux pas ne pas parler de développement durable parce que pour moi, en tant que biologiste, naturellement, ça fait partie de mon ADN et en plus d’écologiste, ça en fait partie. Et alors c’est devenu pour nous dans les collèges puis les instituts, c’est un incontournable maintenant, là. Peu importe les programmes où on enseigne, peu importe la formation qui est donnée, il faut insérer des éléments et des pratiques durables. Qu’on parle d’art culinaire, qu’on parle de construction ou qu’on parle de technique d’architecture, il faut intégrer ces éléments-là. On sait que déjà nos membres ont au-dessus de 1000 programmes spécifiques à tout ce qui est développement durable, en plus de l’insérer dans les autres programmes. Je regarde la façon dont on opère comme institution dans les collèges, qui est différente de ce que c’était il y a dix ans, la façon dont on construit les nouveaux édifices. Puis en plus, je pense aux étudiants, les étudiants demandent ça, les étudiants sont prêts à choisir une institution en fonction de son engagement envers le développement durable. Donc, je pense que ce qu’on a vu opérer, ça ne va qu’augmenter. Puis la bonne nouvelle là-dedans, c’est que j’espère, j’espère qu’on va apprendre de ce que les autochtones nous ont appris et nous ont dit, c’est que quand on prend des décisions, il faut penser aux sept générations qui suivent pour s’assurer qu’on prend soin de la planète. On prend soin du territoire. Eux ont été là pendant des millénaires et en ont pris soin. Donc on peut apprendre de leurs pratiques.
Puis le dernier en tant que revendicatrice auprès du gouvernement fédéral, je ne pourrais passer sous silence la question de la recherche appliquée qui a tellement et tellement évolué dans les dix dernières années, non seulement au niveau du budget qu’on a été capable d’aller chercher, mais au niveau de l’impact sur les entreprises. Et je regarde juste dans les deux dernières années, il y a les activités des collèges en recherche appliquée ils ont augmenté de 26 %. Alors, c’est remarquable et ça, en bout de piste, qui en a profité? Ce sont les communautés, ce sont les entreprises, donc c’est le pays tout entier. Alors voilà, je sais que je ne me suis pas limité à une, mais il y en a tellement que je pourrais nommer.
Amélie Cantin :
Beaucoup de croissance, même s’il semble qu’il y a encore du cheminement à faire. Je ressens de l’optimisme de votre côté, donc c’est bien de le partager avec nous tous.
Amélie Cantin :
Donc, tout au long de votre carrière, Denise, vous avez défendu l’innovation et le progrès, donc votre passion pour la recherche appliquée est très claire. Pourriez-vous nous donner un aperçu de ce que vous pensez être l’avenir de l’éducation postsecondaire au Canada et du rôle essentiel que CICan et de ses membres, bien sûr, vont continuer à jouer dans le système ?
Denise Amyot :
Je pense que le futur est beau pour le secteur des collèges et des instituts. On est au bon moment. Il y a plein de changements et d’opportunités qui s’annoncent. Notre secteur, c’est un secteur en ébullition. Et puis, je crois vraiment qu’il va y avoir de plus en plus de gens qui vont être sensibilisés au rôle des collèges et à l’importance des collèges.
Je parlais tout à l’heure du rôle qu’ils jouent au niveau du développement durable, du rôle qu’on joue pour appuyer toute la transformation numérique, du rôle qu’on joue pour s’assurer que les gens continuent à développer des compétences, la recherche qu’on fait. Je ne fais que regarder notre nouveau projet qu’on a pour encourager la mobilité étudiante chez les étudiants pour s’assurer qu’ils vont développer des compétences qui vont les aider à rendre le Canada plus compétitif et qui, pour eux, vont leur rendre service dans leur travail. On est vraiment à un rôle charnière en ce moment et je crois que plus on va réussir à s’adapter aux tendances, plus on va innover dans la livraison des programmes, mieux on va être capable de préparer nos étudiants et s’assurer qu’ils vont pouvoir profiter des opportunités qui s’ouvrent.
Ce qui aide beaucoup les collèges, moi je suis toujours en admiration devant ça, c’est comment les collèges travaillent en collaboration. Dès mes premiers moments, je trouvais ça exceptionnel. Et là, je pars et je vois encore de la collaboration entre les collèges et c’est ça qui va nous rendre plus forts.
Amélie Cantin :
Il semble que l’habileté d’adaptation de notre système, son agilité, fait partie de la recette gagnante pour le futur du Canada. Je dirais.
Denise Amyot :
En effet.
Amélie Cantin :
Bon, pour finir, une dernière petite question, ce n’est peut-être pas la plus facile non plus, mais quel message ou conseil aimeriez-vous transmettre à nos auditeurs? En particulier ceux et celles qui vont vous accompagner dans votre aventure à CICan.
Denise Amyot :
Tu me donnes combien de temps ? 1 h ? Alors, premièrement, je veux dire merci. Un gros, gros merci à tous ceux qui contribuent à améliorer la vie : la vie des étudiants, la vie des gens, la vie des collectivités. Et ceux qui nous ont accompagnés, nous, à Collèges et instituts Canada au cours des 52 dernières années et ceux qui ont été avec moi dans les dix dernières années et demie. Sans eux, on n’aurait jamais fait ce qu’on aurait fait et on n’aurait pas réalisé les percées et on ne serait pas devenu l’incontournable qu’on est devenus.
Mes souhaits. Nous autres, on a un pays nordique. Donc, pourquoi on ne fait pas comme d’autres pays nordiques, comme la Finlande, la Suède, la Norvège, la Suisse aussi, en ce qui concerne toute la formation professionnelle et technique. Dans ces pays-là, il y a beaucoup plus de monde dans ce secteur. Dans ces pays-là, la productivité est plus grande à cause du nombre de personnes qui travaillent en formation professionnelle et technique. Ça veut dire que, dans un contexte comme celui-là, il y aurait une meilleure reconnaissance de la valeur et de l’importance de ce secteur. Je pense que ça servirait mieux notre économie, ça aiderait notre productivité, et ça aiderait beaucoup de jeunes qui, parfois, ils se dirigent vers des formations qui ne sont pas celles qu’ils ont le goût de faire, mais parce qu’ils sont poussés parfois par leurs parents à aller dans des domaines pour lequel ils ne sont pas passionnés. Alors, pour moi, ça serait important qu’on apprenne des pays nordiques pour voir comment on s’y prend pour augmenter cette estime de soi pour cette population qui s’en va en formation professionnelle et technique.
Je souhaite, naturellement, beaucoup plus de fond en recherche appliquée. J’en veux deux fois plus, trois fois plus. Faudrait que ça augmente à chaque période de 3 à 5 ans parce que, quand on regarde les projets qu’ils font, quand on regarde les emplois qu’ils créent, comment ils stimulent l’innovation, comment ils transforment des façons de faire, il faut qu’il y ait plus de recherche appliquée au pays. Il faut qu’on crée des réseaux, aussi, pour mettre ces centres de recherche appliquée ensemble pour qu’ils puissent échanger.
Il faut aussi que nos programmes de mobilité étudiante soient accrus pour qu’on envoie plus d’étudiants outre-mer, vivre des expériences d’une semaine et deux semaines, qui vont transformer leur façon d’être, qui vont les aider à avoir plus confiance en eux et qui vont les appuyer pour le reste de leur carrière à cause d’une semaine ou deux où ils ont été dépaysés, puis où ils ont réussi et ils ont appris à se dépasser.
Voilà ce que je souhaite. Je vais finir en souhaitant une longue vie à Collèges et instituts Canada parce que c’est une organisation extraordinaire, avec une équipe du tonnerre. C’est une équipe qui sert des membres qui font une différence dans la vie des gens et dans leur communauté. Finalement, vous pouvez compter sur moi pour continuer à être votre championne et à défendre vos intérêts. Merci pour tout.
Amélie Cantin :
Merci Denise, et merci à tous ceux et celles qui se sont joint à nous pour cet épisode spécial consacré à notre bien-aimée présidente-directrice générale, Denise Amyot.
Avant de terminer, au nom de CICan et de ses membres, je voudrais prendre un moment pour exprimer nos plus sincères remerciements et notre profonde gratitude à Denise pour son leadership exceptionnel et son dévouement envers la croissance et l’innovation. L’impact de Denise sur cette organisation et sur l’ensemble du secteur aura été inestimable.
Denise, nous n’avons aucun doute que vous continuerez à marquer positivement tout ce que vous entreprendrez.
Pour nos auditeurs, le dernier jour de Denise à CICan sera le 8 décembre. Merci de votre appui ainsi que votre participation soutenue. Nous espérons que vous avez trouvé cet épisode aussi intéressant que nous.
En regardant vers l’avenir et en attendant avec impatience l’arrivée de notre nouvelle dirigeante, nous demeurons fermement engagés dans notre mission : renforcer le réseau des collèges et instituts et à créer un avenir meilleur pour les individus et les communautés.
Restez à l’écoute pour nos prochains épisodes où nous partagerons d’autres perspectives et discussions passionnantes. Merci encore !