Une base solide favorise une structure durable : ce qui est vrai pour les bâtiments l’est également pour l’éducation. Le défi pour les éducateurs consiste à établir des liens plus solides entre les enfants et les bases que leur école et leurs enseignants créent pour eux.
« Beaucoup d’enfants, en particulier chez les Premières Nations, commencent à se désintéresser de l’école entre la 5e et la 8e année », dit Gwen Machnee, coordonnatrice à la recherche et aux programmes universitaires au Parkland College en Saskatchewan. « C’est le moment où ils commencent à sécher leurs cours, et plus ils le font, plus c’est difficile pour eux. L’école continue à avancer et ils traînent en arrière. »
Cette fenêtre de quatre ans avant l’école secondaire est la cible du projet du Fonds d’innovation sociale destiné aux communautés et aux collèges sur lequel Parkland et deux partenaires travailleront au cours des deux prochaines années. En collaboration avec la Good Spirit School Division et le Yorkton Tribal Council, les chercheurs étudieront la création de liens et l’attachement à l’école et chercheront des moyens de favoriser la persévérance scolaire des enfants tout au long de leur adolescence. Le projet est financé par le Conseil de recherches en sciences humaines
Les moyens favorisant le maintien de l’intérêt des enfants envers l’éducation sont particulièrement importants pour les collectivités des Premières Nations, car les taux d’abandon de leurs enfants sont beaucoup plus élevés que ceux des jeunes non autochtones, selon Mme Machnee. Le Saskatchewan dans son ensemble a de faibles taux de diplomation qui s’élèvent à environ 75 % (à travers le Canada, ces taux sont compris entre 80 et 85 %). Seulement 33 % des élèves des Premières Nations de cette province obtiennent leur diplôme d’études secondaires.
Les enfants des Premières Nations ont aussi tendance à quitter l’école plus tôt, entre la 7e et la 9e année, mais Mme Machnee et son équipe ont noté que la plupart des recherches sur l’abandon scolaire prématuré portaient uniquement sur les élèves du secondaire. « Il n’y a presque rien sur les années intermédiaires », dit-elle. « Tout le monde suppose que si les élèves participent à des activités extrascolaires, tout ira bien. Et personne n’a étudié les Premières Nations où que ce soit. »
L’équipe tente de découvrir quels sont les facteurs qui permettent aux enfants d’établir un lien avec leur école, ce qui favorise leur sentiment d’appartenance et ce qui devrait les inciter à la fréquenter.
Pour trouver des réponses, les chercheurs utilisent un questionnaire dans lequel les enfants doivent attribuer un score d’un à quatre à des énoncés comme « Je sens que je fais vraiment partie de mon école »; « Les gens ici le remarquent quand je suis bon dans une matière »; « Je ne serais pas triste si cette école fermait. »
En plus d’être accessible en format papier et en ligne, le questionnaire sera géré dans les écoles par les étudiants des programmes d’enseignement et de travail social du Parkland College. Dans de nombreux cas, ils seront originaires des communautés qu’ils étudient, leurs propres enfants pouvant fréquenter ces écoles.
Mme Machnee ignore quels seront les résultats, mais elle a l’impression que beaucoup d’enfants pensent que personne ne se soucie qu’ils aillent ou non à l’école. Si une personne montre qu’elle s’en préoccupe – et cela pourrait être un enseignant, le chauffeur d’autobus ou le concierge – et si l’enfant sent qu’il est important, l’école commencera à être importante pour lui.