Vers qui se tournent les jeunes en crise? Vers le téléphone qui ne quitte jamais leurs mains? Vers des amis? Vers les urgences, peut-être conduits là par leur famille désespérée?
Les études réalisées à Peel, à l’ouest de Toronto, suggèrent que les jeunes sont beaucoup plus susceptibles de se tourner vers leurs amis, leurs frères et sœurs, leurs parents et les chefs spirituels que vers leurs professeurs, vers un service d’écoute téléphonique ou vers un travailleur communautaire chargé de l’intervention en cas de crise. Elles montrent aussi que 58 % des habitants de la région appartiennent à des groupes ethniques. Les personnes de différentes cultures et croyances réagissent différemment aux problèmes de santé mentale et de toxicomanie.
Ces facteurs peuvent empêcher les jeunes d’obtenir l’aide dont ils ont besoin, de sorte que leur premier contact avec les services de santé mentale et de toxicomanie se produit lorsqu’ils sont en crise. Ils sont souvent orientés vers ces services par l’urgence ou par le système de justice, selon Elise Hodson, du George Brown College.
Mme Hodson est directrice de projet pour une équipe de George Brown et pour le Centre for Addiction and Mental Health, qui est à la recherche de moyens efficaces pour relier les jeunes en crise avec les services.
« Notre objectif est de travailler avec les jeunes, de trouver le type de soutien dont ils ont besoin et de voir le rôle que la technologie peut jouer dans la prévention et la gestion des crises. »
Leur définition d’une crise est large, parce que les éléments qui ont un effet sur la santé mentale et la toxicomanie varient selon les individus et le contexte. « Il peut s’agir d’une situation où ils se sentaient dépassés et incapables de faire face tout seuls – itinérance, rupture, échec scolaire », explique Mme Hodson.
Ce projet est financé par le Conseil de recherches en sciences humaines à partir du Fonds d’innovation sociale destiné aux communautés et aux collèges. Le Peel Services Collaborative (l’un des 18 projets mis en place dans la province pour combler les lacunes en matière de santé mentale et de toxicomanie pour les enfants et les jeunes) est un collaborateur.
Le plan consiste à créer un outil numérique de planification en situation de crise visant à élaborer des plans de soins pour les jeunes et leur famille, axés sur les soutiens naturels et centrés sur la personne plutôt qu’offrir des services dispensés par des experts. Idéalement, le plan sera utilisé pour empêcher que les problèmes ne dégénèrent en crise.
Mme Hodson est présidente de la School of Design de George Brown. Son rôle dans le projet est de concevoir une technologie interactive qui orientera les jeunes en crise vers le soutien dont ils ont besoin. Elle espère montrer que la conception interactive peut améliorer la communication et les relations entre les utilisateurs et les fournisseurs de services, mais il est trop tôt pour dire à quoi cela ressemblera. Selon Mme Hodson, il existe un nombre « impressionnant » d’applications relatives à la santé mentale. Les concepteurs de plusieurs d’entre elles sont bien intentionnés, mais les applications sont mal conçues et souvent, elles ne reposent pas sur une expertise en counseling.
Le processus de conception sera collaboratif et fera appel aux jeunes, aux amis et à la famille ainsi qu’à quinze fournisseurs de services, à dix étudiants en conception interactive et à des professeurs de George Brown, de même qu’au personnel du Centre for Addiction and Mental Health’s Provincial System Support Program. L’équipe comprend également Connie Chisholm de CoDesign, une conceptrice et éducatrice qui réunit les étudiants en design et les groupes marginalisés pour collaborer à des projets.