Si la transition entre l’école secondaire et le collège ou l’université est difficile pour la plupart des étudiants, elle l’est particulièrement pour les jeunes handicapés. Afin de les aider à s’adapter à leur nouvel univers, des chercheurs du George Brown College, à Toronto, sont en train de concevoir un réseau de mentorat en ligne.
Le Postsecondary Students with Disabilities Network (PSDNet) constituera un moyen de compenser l’échec du système d’éducation, des établissements et des gouvernements, qui n’ont pas su soutenir les étudiants handicapés par le passé, soutient Charles Anyinam, professeur à la Faculty of Community Services and Health Sciences de George Brown.
Anyinam est le chercheur principal du PSDNet, qui bénéficie d’une subvention du Fonds d’innovation sociale destiné aux communautés et aux collèges du Conseil de recherches en sciences humaines. Pendant les trois prochaines années, M. Anyinam et son équipe, composée de partenaires et d’étudiants de George Brown, travailleront à la création d’un système de mentorat conçu pour aider les étudiants handicapés à réussir leurs études.
Il faut dire que, pour ces derniers, la tâche est parfois ardue. En Ontario, les étudiants handicapés sont moins susceptibles de terminer leurs études secondaires que les étudiants non handicapés (18,7 % les abandonnent, comparativement à 12,5 % chez les non-handicapés). Les Ontariens non handicapés sont deux fois plus nombreux que les Ontariens handicapés à détenir un diplôme. Cette statistique peut s’expliquer en partie par le fait que les étudiants handicapés sont isolés de leurs pairs et des personnes pouvant leur servir de modèles, d’où l’importance du mentorat en ligne. M. Anyinam souhaite qu’aucun étudiant handicapé en Ontario ne se sente exclu.
« Lorsqu’il est bien fait, le mentorat en ligne est aussi efficace que le mentorat en personne, pour un coût très inférieur », affirme M. Anyinam en entrevue. Il a aussi l’avantage d’éliminer l’obstacle considérable que représentent les déplacements. « Je peux me trouver à Thunder Bay et quand même être le mentor d’un étudiant de George Brown. […] Nous voulons nous assurer, en construisant cette plateforme, qu’elle sera accessible partout en Ontario… et je rêve qu’elle le soit aussi partout au Canada. L’utilisation du Web permet de limiter les coûts tout en rejoignant plus de gens. »
Comme de nombreux participants du PSDNet seront mineurs et potentiellement vulnérables, plusieurs mesures de sécurité sont intégrées au système. Par exemple, les mentors devront se soumettre à une vérification des antécédents judiciaires. De plus, les forums en ligne seront surveillés afin de détecter toute trace de harcèlement ou d’autres problèmes. Notons également que les échanges entre le mentor et le mentoré auront d’abord lieu par messages textes et qu’on incitera les participants à poursuivre dans cette voie afin, d’une part, d’assurer la sécurité des mentorés et, d’autre part, d’aider les mentors à faire preuve d’assurance dans leur rôle. Néanmoins, en définitive, ils seront libres de décider s’ils veulent se rencontrer.
Mentors et mentorés seront jumelés en fonction de trois critères principaux, explique M. Anyinam. D’abord, on prendra le sexe en considération, car c’est un facteur important dans la vie universitaire et dans toute carrière, particulièrement dans le milieu des sciences et du génie. D’ailleurs, des recherches montrent qu’il est préférable pour une femme d’avoir une femme pour mentor. Ensuite, mentor et mentoré devront partager le même domaine d’étude. Enfin, la nature du handicap sera prise en considération, mais ce n’est pas le facteur le plus important.
Des étudiants de George Brown et des établissements partenaires dans ce projet, de Nipissing University et University of de l’Ontario Institute of Technology, seront embauchés pour former deux équipes collaborant à ce projet; une équipe concevra l’interface visuelle, tandis que l’autre mettra au point les aspects techniques du logiciel que les utilisateurs ne verront pas.